La fiscalité des SCPI de rendement constitue un élément déterminant dans la stratégie d’investissement immobilier. Ces véhicules d’investissement, appréciés pour leur accessibilité et leur capacité à générer des revenus réguliers, sont soumis à un cadre fiscal spécifique qui peut significativement impacter leur performance nette. Entre imposition des revenus fonciers, prélèvements sociaux, et dispositifs d’optimisation, maîtriser les aspects fiscaux des SCPI permet d’évaluer avec précision leur rentabilité réelle et d’adapter sa stratégie patrimoniale. Ce guide analyse en profondeur les mécanismes fiscaux applicables aux SCPI de rendement, tant pour les particuliers que pour les personnes morales, en France comme à l’international.
Principes fondamentaux de la fiscalité des SCPI
Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) représentent une forme d’investissement immobilier indirect permettant aux épargnants d’accéder au marché immobilier avec un ticket d’entrée relativement modeste. La fiscalité applicable aux revenus générés par ces placements s’avère déterminante pour évaluer leur performance réelle.
Le régime fiscal des SCPI de rendement repose sur le principe de la transparence fiscale. Cela signifie que les revenus perçus par la SCPI sont imposés directement entre les mains des associés, en proportion de leurs parts, et non au niveau de la société elle-même. Cette caractéristique fondamentale conditionne l’ensemble du traitement fiscal de ces investissements.
Les revenus distribués par les SCPI se décomposent généralement en deux catégories principales : les revenus fonciers, issus de la location des biens immobiliers détenus par la SCPI, et les revenus financiers, provenant du placement de la trésorerie disponible. Chacune de ces catégories obéit à des règles d’imposition distinctes.
Nature fiscale des revenus de SCPI
Les revenus fonciers représentent généralement la majeure partie des distributions effectuées par les SCPI de rendement. Ils correspondent aux loyers perçus par la société, déduction faite des charges déductibles (frais de gestion, travaux d’entretien, intérêts d’emprunt, etc.). Ces revenus sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu dans la catégorie des revenus fonciers.
Les revenus financiers, quant à eux, résultent du placement de la trésorerie excédentaire de la SCPI, notamment en attendant la réalisation d’investissements immobiliers. Ces revenus sont généralement soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), également appelé flat tax, au taux global de 30% (12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux).
La fiscalité des plus-values immobilières intervient lors de la cession de parts de SCPI ou lors de la vente d’immeubles par la SCPI elle-même. Le régime applicable est celui des plus-values immobilières des particuliers, avec un système d’abattements pour durée de détention conduisant à une exonération totale d’impôt sur le revenu au bout de 22 ans et de prélèvements sociaux au bout de 30 ans.
En matière d’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), les parts de SCPI sont intégrées à l’assiette imposable à hauteur de la fraction de leur valeur représentative des biens ou droits immobiliers détenus directement ou indirectement par la société.
- Transparence fiscale : imposition au niveau des associés
- Revenus fonciers : barème progressif de l’IR + prélèvements sociaux
- Revenus financiers : soumis au PFU (30%) ou barème progressif de l’IR sur option
- Plus-values : régime des plus-values immobilières avec abattements pour durée de détention
- IFI : imposition sur la quote-part immobilière
La connaissance approfondie de ces principes fondamentaux constitue un prérequis pour tout investisseur souhaitant optimiser la fiscalité de ses placements en SCPI de rendement.
Imposition des revenus fonciers issus des SCPI
L’imposition des revenus fonciers provenant des SCPI de rendement constitue généralement le volet le plus conséquent de leur fiscalité, puisque ces sociétés tirent l’essentiel de leurs ressources des loyers perçus sur leur patrimoine immobilier. Deux régimes d’imposition coexistent pour ces revenus : le régime réel et le régime micro-foncier.
Le régime réel d’imposition
Le régime réel d’imposition s’applique par défaut aux détenteurs de parts de SCPI. Dans ce cadre, le revenu foncier net imposable est déterminé en déduisant des revenus bruts (loyers) l’ensemble des charges déductibles supportées par la SCPI, au prorata des droits détenus par chaque associé.
Parmi les charges déductibles figurent notamment :
- Les frais de gestion et d’administration
- Les primes d’assurance
- Les travaux d’entretien et de réparation
- La taxe foncière
- Les intérêts d’emprunt liés à l’acquisition des parts
L’administration fiscale considère que ces charges sont déjà prises en compte par la société pour déterminer le revenu distribué. Toutefois, certaines charges personnelles de l’associé, comme les intérêts d’emprunt contractés pour l’acquisition des parts, peuvent être déduites directement par ce dernier.
Le revenu foncier net ainsi déterminé est soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu, auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux au taux global de 17,2%. En cas de résultat négatif, le déficit foncier peut être imputé sur le revenu global dans la limite annuelle de 10 700 €, à condition que l’immeuble soit loué jusqu’au 31 décembre de la troisième année suivant celle de l’imputation. Le surplus éventuel ainsi que la fraction du déficit correspondant aux intérêts d’emprunt sont reportables sur les revenus fonciers des dix années suivantes.
Le régime micro-foncier
Le régime micro-foncier représente une option simplifiée accessible aux contribuables dont les revenus fonciers bruts annuels n’excèdent pas 15 000 €. Ce plafond s’apprécie en tenant compte de l’ensemble des revenus fonciers du foyer fiscal, qu’ils proviennent de SCPI ou de biens détenus en direct.
Ce régime présente l’avantage de la simplicité : il permet d’appliquer un abattement forfaitaire de 30% sur les revenus bruts, censé représenter l’ensemble des charges. Le contribuable est dispensé de déclarer le détail de ses frais réels. Toutefois, cet abattement peut s’avérer moins avantageux que la déduction des charges réelles, notamment en présence de travaux importants ou d’intérêts d’emprunt significatifs.
L’option pour le micro-foncier est exercée pour une année et reconduite tacitement. Le contribuable peut y renoncer pour revenir au régime réel, mais il sera alors tenu d’appliquer ce dernier pendant trois ans au minimum.
Modalités déclaratives et versements
Pour faciliter les obligations déclaratives des associés, les sociétés de gestion de SCPI adressent chaque année un document récapitulant les éléments à reporter sur la déclaration de revenus. Ces informations doivent être portées sur la déclaration complémentaire de revenus n°2044 (régime réel) ou directement sur la déclaration principale n°2042 (micro-foncier).
Depuis 2019, les contribuables sont soumis au prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Pour les revenus fonciers, ce prélèvement prend la forme d’acomptes contemporains calculés par l’administration fiscale sur la base des derniers revenus connus et prélevés mensuellement ou trimestriellement sur le compte bancaire du contribuable.
La maîtrise de ces différents régimes d’imposition et des options disponibles constitue un levier d’optimisation non négligeable pour les investisseurs en SCPI de rendement, leur permettant de maximiser le rendement net de leur placement.
Traitement fiscal des revenus financiers et des plus-values
Au-delà des revenus fonciers, les détenteurs de parts de SCPI de rendement peuvent percevoir des revenus financiers et réaliser des plus-values lors de la cession de leurs parts. Ces deux catégories de revenus obéissent à des règles fiscales spécifiques qu’il convient de maîtriser pour une vision globale de la fiscalité applicable.
Fiscalité des revenus financiers
Les revenus financiers des SCPI proviennent essentiellement du placement de leur trésorerie disponible. Bien que généralement minoritaires par rapport aux revenus fonciers, ils peuvent représenter une part non négligeable des distributions, particulièrement pendant les phases de collecte intense ou en attente d’investissement.
Depuis l’instauration du Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) en 2018, ces revenus sont soumis à un taux global de 30%, décomposé en 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux. Le prélèvement de l’impôt s’effectue à la source, directement par l’établissement payeur.
Toutefois, les contribuables peuvent opter pour l’imposition de ces revenus au barème progressif de l’impôt sur le revenu, option qui doit être exercée lors de la déclaration annuelle des revenus. Cette option est globale et s’applique à l’ensemble des revenus entrant dans le champ d’application du PFU.
Les contribuables dont le revenu fiscal de référence est inférieur à certains seuils (25 000 € pour une personne seule, 50 000 € pour un couple soumis à imposition commune) peuvent demander à être dispensés du prélèvement forfaitaire de 12,8%, en adressant une attestation sur l’honneur à la société de gestion avant le 30 novembre de l’année précédant celle du paiement.
Imposition des plus-values de cession de parts
La cession de parts de SCPI peut générer une plus-value immobilière imposable, calculée par différence entre le prix de cession et le prix d’acquisition majoré des frais d’acquisition.
Cette plus-value est soumise à l’impôt sur le revenu au taux forfaitaire de 19% et aux prélèvements sociaux au taux de 17,2%, soit une imposition globale de 36,2%. Toutefois, un système d’abattements pour durée de détention permet de réduire progressivement l’assiette imposable :
- Pour l’impôt sur le revenu : 6% par an à partir de la 6ème année de détention, conduisant à une exonération totale au bout de 22 ans
- Pour les prélèvements sociaux : 1,65% par an de la 6ème à la 21ème année, puis 9% pour la 22ème année et 9,15% pour les années suivantes, aboutissant à une exonération totale au terme de 30 ans
Par ailleurs, une surtaxe s’applique aux plus-values immobilières excédant 50 000 €, avec un barème progressif allant de 2% à 6% du montant de la plus-value.
En pratique, lors d’une transaction entre particuliers, c’est généralement le notaire qui calcule et prélève l’impôt sur la plus-value. Dans le cas d’une cession de gré à gré, la société de gestion de la SCPI peut se charger de ces formalités.
Cas particulier des plus-values réalisées par la SCPI
Les SCPI peuvent elles-mêmes réaliser des plus-values lors de la cession d’immeubles de leur patrimoine. Ces plus-values sont soumises au même régime fiscal que les plus-values réalisées directement par les particuliers.
La particularité réside dans le fait que ces plus-values sont imposées au niveau de chaque associé, en proportion de ses droits dans la société. L’abattement pour durée de détention est calculé à partir de la date d’acquisition de l’immeuble par la SCPI, et non de la date d’acquisition des parts par l’associé.
Lorsque la SCPI réalise une plus-value significative, elle peut décider de distribuer tout ou partie de cette plus-value à ses associés. Cette distribution est alors soumise à la fiscalité des plus-values immobilières, l’impôt étant généralement prélevé à la source par la société de gestion avant versement.
La compréhension fine de ces mécanismes d’imposition des revenus financiers et des plus-values permet aux investisseurs d’anticiper correctement la fiscalité applicable à leurs SCPI de rendement et d’intégrer ce paramètre dans leur stratégie d’investissement global.
Fiscalité des SCPI détenues via l’assurance-vie ou d’autres enveloppes
La détention de SCPI de rendement à travers des enveloppes fiscales spécifiques peut considérablement modifier leur traitement fiscal. Cette stratégie représente un levier d’optimisation majeur que les investisseurs avisés ne sauraient négliger.
Les SCPI au sein d’un contrat d’assurance-vie
L’assurance-vie constitue l’une des enveloppes fiscales les plus prisées pour la détention de SCPI. Cette formule présente plusieurs particularités :
Les SCPI sont intégrées au contrat sous forme d’unités de compte (UC). La plupart des assureurs limitent toutefois la part de SCPI dans le contrat, généralement entre 30% et 50% de l’encours total, pour préserver la liquidité globale du contrat.
Le principal avantage réside dans la fiscalité avantageuse de l’assurance-vie. Les revenus générés par les SCPI (qu’ils soient fonciers ou financiers) s’accumulent dans le contrat sans imposition immédiate. Ils ne sont taxés qu’en cas de rachat partiel ou total, selon les règles propres à l’assurance-vie :
- Après 8 ans de détention : abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) puis prélèvement forfaitaire de 7,5% ou option pour le barème progressif de l’IR
- Entre 4 et 8 ans : prélèvement forfaitaire de 15% ou option pour le barème progressif
- Avant 4 ans : prélèvement forfaitaire de 35% ou option pour le barème progressif
Les prélèvements sociaux (17,2%) sont prélevés annuellement sur les plus-values latentes pour les contrats en euros, mais seulement lors des rachats pour les unités de compte.
En matière de transmission, l’assurance-vie offre un cadre privilégié avec un abattement de 152 500 € par bénéficiaire pour les versements effectués avant 70 ans.
Toutefois, cette solution présente certaines contreparties : les frais du contrat d’assurance-vie (frais sur versements, frais de gestion annuels) viennent s’ajouter aux frais propres aux SCPI, réduisant d’autant le rendement net. Par ailleurs, la collecte des SCPI en assurance-vie s’effectue généralement en jouissance immédiate des parts, ce qui signifie que les dividendes sont versés dès l’investissement, contrairement à la souscription en direct où un délai de jouissance de plusieurs mois peut s’appliquer.
SCPI et Plan d’Épargne Retraite (PER)
Le Plan d’Épargne Retraite (PER) peut également accueillir des SCPI sous forme d’unités de compte, avec des spécificités fiscales intéressantes :
Les versements volontaires sont déductibles du revenu imposable, dans certaines limites. Cette déduction représente un avantage fiscal immédiat, particulièrement attractif pour les contribuables fortement imposés.
En contrepartie, la disponibilité des fonds est restreinte jusqu’à la retraite, sauf cas de déblocage anticipé prévus par la loi (achat de la résidence principale, invalidité, surendettement, etc.).
À la sortie, les rentes ou capitaux issus des versements déductibles sont soumis à l’impôt sur le revenu (sans abattement pour les capitaux). Les plus-values sont soumises au PFU de 30% ou au barème progressif sur option.
Cette solution s’avère particulièrement adaptée aux investisseurs recherchant une optimisation fiscale immédiate tout en préparant leur retraite.
SCPI dans un compte-titres
Le compte-titres ordinaire n’offre pas d’avantage fiscal particulier pour la détention de SCPI. Les revenus et plus-values sont imposés selon le régime de droit commun décrit précédemment. Toutefois, cette solution présente l’avantage de la souplesse, sans limitation d’investissement ni contrainte de durée.
Par ailleurs, le compte-titres peut être ouvert au nom d’une personne morale (société à l’IS, société à l’IR), permettant ainsi d’adapter la fiscalité au statut de l’investisseur.
SCPI et démembrement de propriété
Le démembrement de propriété constitue une stratégie d’optimisation fiscale consistant à séparer la nue-propriété de l’usufruit des parts de SCPI. Cette technique permet notamment :
À l’usufruitier de percevoir les revenus générés par les SCPI et d’être seul imposé sur ces revenus.
Au nu-propriétaire de récupérer la pleine propriété des parts au terme de l’usufruit (généralement au décès de l’usufruitier) sans fiscalité sur cette reconstitution.
Cette stratégie s’avère particulièrement pertinente dans une optique de transmission patrimoniale ou pour optimiser la fiscalité entre conjoints ou entre générations.
Le choix de l’enveloppe de détention des SCPI doit s’inscrire dans une réflexion globale sur la stratégie patrimoniale de l’investisseur, en tenant compte de son horizon d’investissement, de sa tranche marginale d’imposition et de ses objectifs (revenus complémentaires, préparation de la retraite, transmission, etc.).
Spécificités fiscales des SCPI internationales et stratégies d’optimisation
Les SCPI internationales, qui investissent dans des biens immobiliers situés hors de France, connaissent un développement significatif ces dernières années. Leur régime fiscal présente des particularités qu’il convient d’appréhender pour une gestion optimale de son investissement.
Traitement fiscal des revenus issus de SCPI internationales
Les revenus provenant d’immeubles situés à l’étranger sont soumis à un régime fiscal particulier, influencé par les conventions fiscales signées entre la France et le pays d’investissement. Ces conventions visent à éviter les doubles impositions et déterminent les modalités d’imposition des revenus immobiliers.
Généralement, les revenus locatifs générés par des immeubles situés à l’étranger sont imposables dans le pays de situation de l’immeuble. Toutefois, ces revenus doivent également être déclarés en France, où ils sont soumis à l’impôt selon les règles habituelles des revenus fonciers. Pour éviter la double imposition, la France applique le plus souvent la méthode du crédit d’impôt :
- Les revenus étrangers sont intégrés au revenu global imposable en France
- L’impôt français théoriquement dû sur ces revenus est calculé
- Un crédit d’impôt égal à l’impôt français ou à l’impôt étranger (le plus faible des deux) est accordé
En pratique, les sociétés de gestion des SCPI internationales se chargent généralement d’effectuer les démarches nécessaires dans le pays d’investissement et fournissent aux associés les éléments nécessaires à leur déclaration fiscale en France.
Il faut noter que certains pays appliquent une retenue à la source sur les revenus immobiliers versés à des non-résidents. Cette retenue peut parfois être récupérée, partiellement ou totalement, selon les dispositions des conventions fiscales.
Avantages fiscaux spécifiques des SCPI internationales
L’investissement dans des SCPI internationales peut présenter plusieurs avantages fiscaux :
Dans certains pays, les taux d’imposition des revenus fonciers sont inférieurs à ceux pratiqués en France, ce qui peut générer un différentiel fiscal avantageux. Par exemple, l’Allemagne, le Portugal ou les Pays-Bas appliquent parfois des régimes fiscaux plus favorables que le régime français pour certains types d’investissements immobiliers.
La diversification géographique permet de répartir le risque fiscal en ne dépendant pas exclusivement de la législation française, qui peut évoluer au fil des lois de finances.
Certaines SCPI internationales investissent dans des pays ayant conclu avec la France des conventions fiscales particulièrement favorables, permettant par exemple l’exonération totale des revenus dans certaines conditions spécifiques.
Les frais de gestion liés à ces investissements à l’étranger, y compris les éventuels frais de conseil fiscal international, sont généralement déductibles des revenus fonciers.
Stratégies d’optimisation fiscale pour les SCPI
Au-delà du choix entre SCPI françaises et internationales, plusieurs stratégies d’optimisation fiscale peuvent être mises en œuvre :
Le financement à crédit des SCPI permet de déduire les intérêts d’emprunt des revenus fonciers, réduisant ainsi l’assiette imposable. Cette stratégie peut même générer un déficit foncier imputable sur le revenu global dans la limite de 10 700 € par an.
Le démembrement temporaire de propriété constitue une approche sophistiquée : l’acquisition de la nue-propriété de parts de SCPI pour une durée déterminée (généralement 5 à 15 ans) permet de bénéficier d’une décote à l’achat (30% à 40% selon la durée) tout en récupérant automatiquement l’usufruit au terme fixé. Durant la période de démembrement, le nu-propriétaire n’est pas imposable sur les revenus.
L’investissement progressif permet d’étaler dans le temps l’acquisition de parts de SCPI, limitant ainsi l’impact fiscal annuel et adaptant le niveau d’investissement à l’évolution de la situation personnelle et fiscale de l’investisseur.
La diversification entre différents types de SCPI (SCPI de rendement, SCPI fiscales, SCPI internationales) peut permettre d’optimiser la fiscalité globale du portefeuille.
Pour les contribuables fortement imposés, la souscription de parts de SCPI via une société à l’impôt sur les sociétés peut s’avérer avantageuse, notamment dans une perspective de capitalisation à long terme.
Vigilance et perspectives d’évolution
Si les SCPI internationales présentent des opportunités d’optimisation fiscale, elles requièrent une vigilance particulière :
La complexité administrative liée aux déclarations dans plusieurs pays peut nécessiter un accompagnement spécialisé.
Les évolutions législatives, tant en France que dans les pays d’investissement, peuvent modifier significativement le traitement fiscal de ces placements.
L’investisseur doit rester attentif aux modifications des conventions fiscales qui pourraient affecter la rentabilité nette de son placement.
La conformité fiscale internationale fait l’objet d’une attention croissante des administrations, avec le développement de l’échange automatique d’informations entre pays.
Dans un contexte d’harmonisation fiscale progressive au sein de l’Union Européenne et de lutte contre l’optimisation fiscale agressive, les avantages comparatifs des SCPI internationales pourraient évoluer dans les années à venir.
Perspectives pratiques pour l’investisseur en SCPI
Face à la complexité du cadre fiscal applicable aux SCPI de rendement, l’investisseur avisé doit adopter une approche méthodique et stratégique pour optimiser la rentabilité nette de son placement. Cette section propose des conseils pratiques et des outils décisionnels pour guider les choix d’investissement.
Évaluer l’impact fiscal réel sur le rendement
La performance d’une SCPI ne peut s’apprécier uniquement à travers son taux de distribution sur valeur de marché (TDVM) brut. L’investisseur doit systématiquement calculer le rendement net après fiscalité, qui varie considérablement selon sa situation personnelle.
Pour réaliser cette évaluation, plusieurs paramètres doivent être pris en compte :
- La tranche marginale d’imposition du contribuable
- Le régime fiscal applicable (réel ou micro-foncier)
- L’existence éventuelle d’un financement à crédit et la déductibilité des intérêts d’emprunt
- L’enveloppe de détention choisie (direct, assurance-vie, PER, etc.)
- La durée prévisionnelle de l’investissement et son impact sur la fiscalité des plus-values
À titre d’exemple, pour un contribuable imposé dans la tranche à 30%, un rendement brut de 5% peut se traduire par un rendement net d’environ 3,5% en détention directe, mais pourrait atteindre 4,2% dans le cadre d’une assurance-vie de plus de 8 ans après application des prélèvements sociaux et de l’impôt sur les rachats.
Des outils de simulation fiscale spécifiques aux SCPI sont proposés par certaines sociétés de gestion ou conseillers en gestion de patrimoine. Ces simulateurs permettent d’affiner les projections de rendement net en fonction des paramètres individuels de l’investisseur.
Adapter sa stratégie au cycle de vie patrimonial
La stratégie d’investissement en SCPI doit évoluer en fonction de l’âge et de la situation patrimoniale de l’investisseur :
En phase d’accumulation (30-45 ans), privilégier l’acquisition à crédit pour bénéficier de l’effet de levier fiscal et patrimonial. La déductibilité des intérêts d’emprunt permet de réduire significativement la pression fiscale pendant cette phase.
En phase de consolidation (45-60 ans), diversifier les modes de détention entre direct et assurance-vie pour préparer la transition vers la retraite. Envisager des stratégies de démembrement pour optimiser la transmission future.
En phase de distribution (60 ans et plus), privilégier les structures permettant une perception optimisée des revenus. Arbitrer progressivement le patrimoine en tenant compte des abattements pour durée de détention sur les plus-values.
Cette adaptation temporelle de la stratégie permet de tirer le meilleur parti des différents régimes fiscaux applicables aux SCPI tout au long du parcours patrimonial de l’investisseur.
Anticiper les évolutions fiscales et réglementaires
La fiscalité du patrimoine en général, et de l’immobilier en particulier, fait l’objet de modifications fréquentes. L’investisseur en SCPI doit rester vigilant face à ces évolutions pour adapter sa stratégie en conséquence.
Plusieurs tendances de fond méritent une attention particulière :
Le mouvement d’harmonisation fiscale européenne pourrait affecter le traitement des revenus issus de SCPI internationales.
Les exigences environnementales croissantes (notamment le Dispositif Éco-Énergie Tertiaire) pourraient impacter la rentabilité des SCPI détenant des actifs non conformes aux nouvelles normes.
L’évolution de la fiscalité du patrimoine immobilier (IFI, plus-values, revenus fonciers) constitue un risque réglementaire à intégrer dans la stratégie d’investissement à long terme.
Pour se prémunir contre ces aléas, une diversification des supports d’investissement au-delà des seules SCPI peut s’avérer judicieuse.
Exemples chiffrés et cas pratiques
Pour illustrer concrètement l’impact de la fiscalité sur un investissement en SCPI, considérons le cas d’un investisseur acquérant pour 100 000 € de parts de SCPI générant un rendement brut de 5% annuel :
En détention directe, avec une TMI à 30% :
Revenus bruts : 5 000 €/an
Impôt sur le revenu (30%) : 1 500 €
Prélèvements sociaux (17,2%) : 860 €
Rendement net : 2 640 € soit 2,64%
En détention via assurance-vie (après 8 ans) :
Revenus capitalisés sur 8 ans : environ 48 000 €
Rachat de 5 000 € par an :
Part de plus-value imposable : environ 1 000 €
Abattement de 4 600 € : rachat non imposable à l’IR
Prélèvements sociaux (17,2% sur la part de plus-value) : 172 €
Rendement net : 4 828 € soit 4,83%
En acquisition à crédit (emprunt de 100 000 € sur 15 ans à 2%) :
Revenus bruts : 5 000 €/an
Intérêts d’emprunt première année : environ 1 950 €
Revenus imposables : 3 050 €
Impôt sur le revenu (30%) : 915 €
Prélèvements sociaux (17,2%) : 524 €
Rendement net rapporté à l’apport personnel (frais d’acquisition) : effet de levier significatif
Ces exemples simplifiés illustrent l’importance d’intégrer la dimension fiscale dans l’analyse de la performance des SCPI et de personnaliser sa stratégie en fonction de sa situation individuelle.
L’investissement en SCPI de rendement, appréhendé dans sa globalité fiscale, reste un outil de diversification patrimoniale pertinent qui, correctement structuré, peut offrir un complément de revenus significatif tout en constituant un patrimoine transmissible dans des conditions optimisées.
